TPE Yakuza



Ce sont les signes qui signifient yakuza en Japonais.




Introduction :

L’implantation historique des yakuza :





Carte extraite du livre de Jean-François Gayraud « Le monde des Mafias, Géopolitique du crime organisé »

Le Yakuza est apparu dans les couches populaires du Japon aux alentours du 16ème/17ème siècle. Le nom de Yakuza vient du jeu de cartes hanafuda ou la pire main que l'on puisse avoir est 8, 9, 3 c'est à dire en japonais YA KU ZA (nous y reviendront dans la partie sur l’économie). Ainsi, le nom de Yakuza signifie aussi « vaurien». Le Yakuza fut à l'origine un groupement de joueurs professionnels (bakuto, une des catégories de criminels les plus méprisées dans la pègre) voulant s'adonner à leur vice sans être gênés par les autorités et sans avoir de comptes à rendre aux criminels plus "respectés". Les Yakuza eurent très tôt recours au chantage et à l'intimidation sur les envoyés des seigneurs, sur la police locale et sur les notables les plus en vue, sans jamais ou très rarement heurter de front les autorités. Tout au long de son histoire, le Yakuza a tenté de maintenir cette ligne de conduite du maximum de résultats avec le minimum de violence. Très vite, le terme yakuza finit par s'étendre à la plupart des criminels tandis que l'organisation prenait de l'ampleur et commençait à s'intéresser à des domaines de plus en plus diversifiés. Au 18ème siècle, le Yakuza était craint des classes aisées et honoré (mais également craint) des milieux modestes ou il agissait comme une police parallèle. Très vite, le nombre d'agressions, de cambriolages et autres crimes de petite envergure chutèrent dramatiquement car l'organisation cherchait des sources de revenus plus conséquentes. Il est nécessaire de comprendre que ce contrôle du crime local fut exercé par les yakuza avec une méticulosité et une efficacité qui n'a jamais été égalée par aucun syndicat du crime. Dans beaucoup d'endroits du Japon, il était et est sans doute encore plus efficace de passer par le Yakuza pour trouver et punir un criminel que par les autorités … à condition d'en payer le prix.

Problématique : Quelle place les yakuza ont-ils dans la société japonaise (économiquement, politiquement) et comment a-t-elle évoluée ?

I- Les yakuza, à la fois un monde de traditions …


Les yakuza ont une structure semblable à celle de la mafia sicilienne, organisée en familles. Ils ont adopté la structure hiérarchique traditionnelle de la société japonaise, pyramidale, mais aussi familiale, bien que les membres ne soient pas liés par le sang. Chaque « famille » possède un patriarche, l’Oyabun, littéralement « le parent, le chef », l'équivalent du parrain, aussi appelé Kumichō, littéralement « le chef de clan ». Ce titre se transmet de père en fils, ou à une personne en qui l'Oyabun a une complète confiance.


Us et Coutumes

-Le code de l’honneur.
Le code de l'honneur Yakuza repose sur trois notions fondamentales : jingi, giri et ninjo.
- jingi : le respect et l'obéissance envers ses supérieurs, une notion essentielle dans le Japon en général. Le chef de clan : personne ne peut lui désobéir, lui résister ou se montrer familier envers lui. Le jingi impose un comportement bienséant et correct.
- giri : le sens du devoir et des obligations. Toute dette doit être payée, en argent si nécessaire mais le plus souvent sous forme de loyauté et de services. Cela marche dans les deux sens : le Yakuza paye toujours ses dettes mais n'oublie jamais de réclamer son dû.
- ninjo : un concept que l'on pourrait traduire très approximativement par l'expression "comportement chaleureux". En clair, la capacité du yakuza de comprendre et compatir aux problèmes des petites gens et de leur rendre justice. Comme on peut le supposer, cet aspect des traditions a été quelque peu laissé de côté..

-Les tatouages



Lorsque un individu jugé acceptable par l'organisation intègre ses rangs, le chef de clan (Oyabun) l'envoie au tatoueur du clan qui lui donne son premier tatouage et ceci marque son appartenance à l'organisation. Le tatoueur mets des heures à réaliser son travail sur le dos du nouveau membre, utilisant une aiguille de bambou et l'inconfort ainsi que la douleur endurés sont considérés comme un honneur par le tatoué.

Les tatouages du Yakuza sont constitués de motifs spécifiques au clan et une imagerie typiquement japonaise avec des fleurs de cerisiers, des chrysanthèmes et surtout des dragons qui sont le symbole traditionnel du yakuza.
« Le tatouage ? C’est un symbole de virilité, d’endurance, et de force. ». « Yakusa » de Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos.
Au fur et à mesure que l'homme grimpe dans l'organisation, il reçoit de nouveaux tatouages et devient une œuvre d'art vivante. La tradition impose que les tatouages ne montent jamais plus haut que le col et ne descendent jamais au delà de l'extrémité des manches d'un kimono classique, permettant au yakuza de dissimuler son appartenance et son importance.

Les tatouages ne sont jamais enlevés et il est dit qu’ils leurs confèrent un pouvoir protecteur. En gardant à jamais ses tatouages le yakuza demeure à jamais lié à un clan dont il porte la marque et les traditions de l'organisation interdisent le changement de loyauté.

« Pour favoriser le repentir et le départ des membres, la police (depuis la loi de 1992) aide au détatouage. L’hôpital de la police ainsi que celui de l’université de médecine d’Osaka proposent des tarifs très bas au mauvais garçon désireux de refaire une virginité. ». « Yakusa » de Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos

La cérémonie d'intronisation


Comme dans la plupart des organisations criminelles, les yakuza ont mis au point une cérémonie d'admission des nouvelles recrues, le Sakazuky. Ce rituel d'entrée a lieu après une sorte d'apprentissage qui dure environ 6 mois, et si l'apprenti s'est montré digne, il est intronisé dans la famille.
Le rituel d'entrée est très cérémonieux : il s’agit d’une réception dont la date est fixée en accord avec le calendrier lunaire. Tous les participants sont vêtus de kimono, et placés suivant un ordre établi, dans le silence le plus complet. La cérémonie se passe dans une salle traditionnelle, où sont entreposés un autel shintoïste et une table basse avec des cadeaux. Le chef de clan et le futur membre sont agenouillés l'un à côté de l'autre en face de témoin, et préparent du saké mélangé à du sel et des arêtes de poisson, puis ils versent le liquide dans des coupes. Celle de l'Oyabun est remplie entièrement, afin de respecter son statut. Le saké symbolise ici les liens du sang. Ils boivent ensuite une gorgée, s'échangent leurs coupes, et boivent à nouveau. Le nouveau membre scelle de cette manière son appartenance à la famille et à son Oyabun, il garde sa coupe, elle est le symbole de sa fidélité. Si un yakuza rend sa coupe à son chef, les liens avec sa famille sont brisés. Par la suite, le chef de clan fait un discours rappelant les principes des yakuza, la fidélité et l'obéissance. Le rituel se clôt par la rupture du silence, où tous les participants crient en cœur « Omedetô Gozaimasu » ( Merci beaucoup).

En cas de faute


Si un Yakuza enfreint le code d'honneur, il doit, pour se faire pardonner, se coupe lui-même le petit doigt et l'offrir à l'Oyabun, et lui rendre la coupe de saké qu’il avait reçu lors du rituel d’entrée. S'il renouvelle sa faute, il doit recommencer la cérémonie avec les autres doigts. Cette punition n’est pas rare, et peu de yakuza atteignent un âge avancé avec tous leurs doigts. Ils gardent le plus souvent leurs doigts mutilés dans le formol, pour se rappeler leur disgrâce. Mais on peut également utiliser ce rituel afin de mettre fin à un conflit, en donnant son doigt à l'autre clan. Néanmoins, cette pratique se raréfie, par souci de discrétion face aux autorités.
« Pour trois mille euros, Mme Niino remplace n’importe lequel de vos doigts manquants avec, il est vrai, une certaine réussite. Et, pour mille cinq cents de plus, elle ajoute une articulation ». « Yakusa » de Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos.



Scéne extraite du film "Aniki mon frère" de de Takechi Tikano.


II- Mais aussi très ouvert au monde moderne.

1- Economiquement






Scéne extraite du film "Aniki mon frère" de de Takechi Tikano.


Les yakuza sont très présents dans le commerce japonais mais leurs revenus ne sont pas comptabilisés dans le PIB national du pays (l’ancien directeur de l’agence nationale de police estimait que leurs revenus correspondaient à 6.5% du PIB en 1996).Les activités qu’ils exercent sont des activités souterraines et par conséquent n’entrent pas en compte dans le PIB ce qui fausse donc sa véritable valeur. De plus, leur présence dans le commerce commence à se mondialiser, comme par exemple aux États-Unis (le film Rogue de Darren Arnofsky en est un bon exemple car il raconte l’histoire de deux agents du FBI qui traque un des tueurs les plus dangereux des yakuza et tout cela dans des quartiers Américains comme par exemple Chinatown mais ce film est tout de même un peu abusif car leur présence n’est pas autant en Amérique) où ils font passer des armes et de la drogue utilisant Hawaï comme lien entre le Japon et les Etats-Unis, ils ont aussi des alliances avec les triades chinoises et quelques groupe vietnamiens et coréens et enfin à Los Angeles où ils recrutent de jeunes femmes rêvant d’entrer dans le milieu cinématographique pour en faire des actrices pornographiques ou bien même des prostituées. Ils sont également présents au Mexique où ils se font passés pour des employeurs en promettant à de jeunes femmes un travail au Japon mais en réalité, à leur arrivée sur le territoire elles entrent contre leur gré dans un réseau de prostitution. Ils sont également présents en Australie où ils viennent blanchir et extorquer de l’argent aux entreprises de tourisme japonaises présentes sur le territoire et faire du trafic de drogue (ils auraient été repérés par la police Australienne). Enfin, ils seraient même présents en Europe, en Allemagne, où ils livreraient de la drogue (cocaïne et metamphétamine) ainsi qu’en Italie où ils livreraient des armes.

La présence yakuza dans le monde :



Carte extraite du livre de Jean-François Gayraud « Le monde des Mafias, Géopolitique du crime organisé »


En effet, ils exercent de nombreuses activités économiques. Cependant, leurs pratiques ne sont absolument pas légales et on pourrait penser qu’ils essayent le moins possible de se faire remarquer alors qu’en réalité, pas du tout. En effet, contrairement à certaines mafias (Italienne par exemple), les Yakusa ne se considèrent pas comme étant une organisation secrète et donc bien souvent, ils possèdent un bureau bien visible arborant le nom ou l’emblème de leurs clans. « A l’époque, dans la région du Kansai, des plaques ouvragées indiquaient le nom du clan » Yakuza de Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos.

Des yakuza arborant fièrement leurs tatouages lors de la grande fête de Sanja Matsuri* :



* Sanja Matsuri a lieu le troisième week-end de mai. C’est la plus grande fête populaire de Tokyo avec près de 2 000 000 de spectateur et participants. Elle a lieu à Asakusa, quarrtier historique de la capitale.

Tout d’abord, comme pour la plupart des mafias, leurs principaux revenus proviennent du racket d’entreprises locales.

En effet, ils prélèvent des dîmes, impôts qui en contre partie garantissent une protection de la part des yakusas, aux entreprises et aux commerçants locaux. Face à la crainte d’avertir la police (très peu efficace face aux yakuza), plus de 41% des patrons de grandes entreprises japonaises avouent avoir été victimes de ce racket. Cependant, cet impôt semble légitime car juste après le tremblement de terre de Kobe, le Yamaguchi-gumi (l’un des plus puissants clans des yakuza) dont les sièges sociaux sont à Kobe, ont intervenus bien avant le gouvernement en fournissant même un hélicoptère.

Les yakuza tirent aussi leurs profits par une sorte d’extorsion de fond typiquement japonaise, le sôkaiya ou le squat du capital. « Littéralement, un sokaiya est l’homme des assemblées d’actionnaires » Yakuza de Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos. Cette pratique est très présente au sein du pays car ils sont en contact avec 80% des entreprises dont le chiffre d’affaire s’élève à 1000 milliards de yens (soit à peu prés 8.4 milliards d’euros) et 40% avouent leur verser aujourd’hui encore des fonds (d’après le même inspecteur de police qui ci-dessus). Le principe de cette pratique est extrêmement facile, il consiste à acquérir une partie des parts de la société commerciale visée afin de pouvoir siéger au conseil d’administration. Les nouveaux actionnaires collectent ensuite des informations sur l’entreprise (comptables, financières ainsi que les pratiques douteuses de celle-ci : fraude fiscale …) mais aussi sur les dirigeants (professionnelles et privées). L’extrait du film Aniki mon frère de Takechi Tikano ci-dessus est un bon exemple des pressions exercée par les yakuza au sein de la vie privée. Toutes ces informations seront utiles pour un éventuel chantage. Par exemple, en 1989, la banque Fuji, 3e banque japonaise, a été dénoncée pour avoir utilisé ce système, reversant plus de 200 millions de yens à des yakuza. Ainsi, les yakusa imposent leurs conditions aux dirigeants qui, sous la peur, les respectent au doigt et à l’œil. Le plus étonnant est que ces arrangements figurent dans la comptabilité des entreprises victimes sous le nom de « cadeaux » ou « de publicités commerciales ». Il y a une deuxième utilité des sôkaiya qui cette fois ci joue en faveur des dirigeants des entreprises. En effet, ils protègent leurs propres intérêts en rémunérant les rançonneurs (les yakuza) pour faire taire les actionnaires dont les questions seraient trop embarrassantes lors des assemblées générales ou qui demanderaient des comptes sur certaine politiques industrielles et commerciales. Il y a un exemple tragique de ce genre de pratique avec la société Chisso coupable d’une pollution au Mercure de la baie Minamata. Cette pollution à causé des malformations des nouveau-nés, des problèmes intellectuels pour l’ensemble de la population qui ont vite alerté certains actionnaires de l’entreprise. Cependant, les dirigeants ont réussi à les faire taire les actionnaires trop dérangeants et l’entreprise a été condamnée seulement 38 ans plus tard. On dénombrait 8000 sôkaiya en 1982 et suite à la loi votée contre eux, ils ne seraient plus que 1500.

Ensuite, les yakuza accordent et font des prêts et crédits, d’où leur implication dans la crise de 1990.

« Les Yakuza furent d’abord recouvreur de dettes puis devinrent très vite prêteurs eux-mêmes. » Yakuza de Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos.

Au début des années 1980, les milieux criminels s’introduisent dans le secteur de l’immobilier dont les yakuza. Les yakuza investissent donc dans la construction par l’intermédiaire de société spécialisée dans le prêt immobilier. Cela leur permet donc de blanchir rapidement leur argent, obtenu dans d’autres activités. Les profits obtenus par les activités criminelles sont également déposées dans le réseau bancaire. L’argent qui n’a pas été blanchi est donc utilisé dans des investissements sur les marchés financiers ainsi une part de la dette publique est détenue par les yakuza sous forme de bons du trésor ou d’obligations. De plus, ils investissent aussi sur les marchés spéculatifs de matières premières. Ces investissements très divers permettent une plus grande rentabilité et une sorte de couverture, très apprécié dans ce genre de milieu. De plus, leurs places dans les conseils d’administration engendrent des prises de participation permettant le blanchiment de fonds illégaux. La durée de la crise de 1990 est essentiellement due à l’implication des yakuza dans l’économie qui, par des occupations ciblées, bloquent la liquidation des dettes de certaines banques d’affaire et on constate une très faible hausse des transactions immobilières malgré une baisse de 30 à 70 % des prix depuis 1992 due à la place qu’ils détiennent dans ce secteur. « La durée exceptionnelle de la crise japonaise, malgré de multiples plans de relance gouvernementaux engageant chaque fois plusieurs points de PIB, ne se comprend qu’en intégrant la dimension du blanchiment et l’activité des réseaux criminels qui socialisent les pertes de leurs emprunts non remboursés et privatisent les bénéfices mafieux. » Le Monde diplomatique, Avril 2000
Si on devait estimait le montant des dettes non recouvrables détenus pas les yakuza, il y aurait 10% des créances bancaires douteuses que l’on pourrait leurs reprocher, et 30% de plus aurait des liens avec le crime organisé soit entre 75 et 300 milliards de dollar.
Enfin, les yakuza accordent des prêts qu’une banque n’accorderait jamais à certaines personnes comme à des étudiants avec des taux d’intérêts pouvant aller jusqu’à 100 %. Suite à des suicides de personnes endettés, seuls les taux entre 25 et 40% seront acceptés. « Sur un an, ils peuvent atteindre 365% » Yakuza de Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos

De plus, les yakuza sont très présents dans les paris et les jeux, qui sont des secteurs très lucratifs au Japon.

Le nom yakuza fait allusion à leur forte présence dans le monde des jeux car « ya-ku-za » sont les chiffres 8-9-3 et font référence à un jeu de cartes. En effet, ce sont les dirigeants de certaines loteries, de certains casinos réels ainsi que virtuels (qu’ils gèrent parfois avec les gangs de la Brise de mer …gang français). Ils entretiennent également d’étroites relations avec les dirigeants des salles de Pachinko, qui est un jeu dont le succès est très important au Japon comme en témoigne la façade de la photo qui suit, assez imposante.

Enseigne du « Pachinko Palace »




Le Pachinko est un croisement entre un flipper et une machine à sous. Il aurait été importé de Chicago et progressivement amélioré. Un Japonais sur 4 jouerait régulièrement à ce jeu et le pays compterait aujourd’hui environ 15 000 salles de Pachinko, soit environ 2 millions de machines. Si les yakuza s’intéressent à ce jeu, ce n’est pas par hasard mais parce qu’il à un chiffre d’affaire très important. En effet, ce serait le 3éme plus important pour les loisirs après les restaurants et le tourisme. Si les Yakuza se servent de ces salles de jeux comme sources de revenus, ils s’en servent aussi pour blanchir leur argent.
De plus, ils organisent aussi des paris lors de grands tournois sportifs (Sumo, vélos, automobiles, hors-bords, chevaux), paris qui bien entendus sont clandestins.

Les yakuza exercent également des activités typiquement illicites comme le trafic de drogue et la prostitution.

En effet, le trafic de drogue reste néanmoins l’une de leurs activités les plus importantes. C’est seulement depuis leur expansion au niveau mondiale (vers 1990) que les yakuza se sont lancés dans ce commerce extrêmement lucratif. En effet, comme nous avons pu le voir précédemment, leur commerce est très important dans tout le monde comme aux Etats-Unis, en Australie, en Allemagne … Les yakuza semblent être omniprésent dans ce domaine puisque 60 % du trafic d’amphétamines leurs seraient dû. Bien qu’ils aient d’étroites relations avec la police locale et qu’ils ne risquent absolument rien, les potentiels acheteurs eux risquent très gros car la législation est devenue extrêmement sévère (400 grammes de cannabis = 4 ans de prison).

Deux jeunes prostituées japonaises.



La prostitution des femmes est également une activité des yakuza. Les femmes concernées par ce problèmes seraient estimés entre 100 et 150 000 femmes par an dans l’ensemble de l’archipel. Cependant, les yakuza ne font pas se prostituer des femmes japonaises mais de pays étrangers comme de l’Asie du Sud-est, de l’ex URSS ou bien encore du Mexique très certainement pour minimiser au maximum les problèmes que cela pourrai poser avec la justice. Les jeunes filles japonaises qui se prostituent sont donc estimées à 8% (même si certaines le font de leur plein gré), alors que la prostitution est interdite au Japon depuis plus de 50 ans (en 1956). On reproche aux autorités de ne rien faire face à ce problème qui ne devrait que croître dans les prochaines années. Cependant, il leur est difficile d’intervenir car les yûjo (filles de joie) se sont transformées en savonneuses pour contourner la loi.

Les yakuza sont aussi présents dans des secteurs très inattendus comme dans les sports de luttes typiquement japonais comme dans le Pororesu et le Sumo.

Les yakuza sont considérés comme étant des grands défenseurs du Puroresu (le catch japonais) ainsi que du MMA (combat libre japonais). Comme on peut s’en douter, leurs intérêts pour ces sports ne sont essentiellement que financiers. En effet, les arènes et stades où se déroulent les combats leurs appartiennent bien souvent et ils touchent donc un pourcentage plus ou moins important sur les entrées. De plus, il est habituel que les yakusas donnent des instructions aux lutteurs. Ainsi, Rikidozan, le pionner de la lutte japonaise a été tué par un yakuza car il n’avait pas respecté les instructions.

Sumo :



Les yakuza sont également très présents dans le Sumo, sport traditionnel du Japon. Tout comme pour le Puroresu, ils organisent des matchs truqués et ils contrôlaient l’organisation des paris en corrompant des sportifs en leur promettant des services. Cependant, ces pratiques douteuses ont étés découvertes et révélées, ce qui a rendu ce sport (très populaire au Japon) beaucoup moins crédible.

Ils sont aussi présents dans un secteur d’autant plus inattendu, celui de la fête et plus particulièrement des DJs.

En effet, lorsqu’en 2000 des spécialistes de ce genre viennent dans le but de faire fortune au Japon, ils sont très vite arrêter par un problème de taille, celui de la sécurité. « Il est difficile de contrôler les dealeurs ou se débarrasser des petites frappes de grandes villes » Yakuza de Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos. Pour se débarrasser de ce problème, une seule solution, faire appel aux Yakuza et à un homme en particulier dont on ne connait pas l’identité. Au début, tout se passe bien et ces jeunes DJs étranger vont pouvoir reprendre leurs activités dans le calme. Mais très vite, ce Yakuza en question va demander d’obtenir une place dans le capital, voyant le chiffre d’affaire de ces jeunes étranges augmenter de jour en jour. Aujourd’hui, il est le boss de ce secteur très lucratif car très à la mode chez les jeunes japonais.

Pour finir, les Yakuza sont également présent dans le secteur financier d’où leur implantation dans la sphère financière.

En effet, leur implantation dans la sphère économique ne s’est pas limitée aux pratiques d’actionnariat pirate et de prêt immobilier. Les yakuza sont également présents dans le secteur financier par le biais des fonds spéculatifs (qui sont des fonds d’investissement à haut risques) que l’on appelle shite shyudan. Ils arrivent à convaincre les maisons de titre à les aider à prendre en possession certaines actions pour ensuite obliger l’entreprise visée à racheter à prix fort. Apparus en 1970 et n’étant absolument pas surveiller, ils s’attaquent à des proies de plus en plus grandes. En 1983, Yomiuri, le premier groupe de presse japonais sera la cible d’un raid soutenu par un des plus grands parrains japonais. Face à l’ampleur de cette action, le premier ministre de l’époque, Nakasone, se verra contraint d’intervenir. Le plus grand raid jamais tentée est lancée contre une société d’agro alimentaire, la société Fujiya puis cette même famille s’attaquera à une entreprise de chemins de fer et de grands magasins, l’entreprise Tôkyû Dentetsu avec le soutien des deux maisons de titres les plus prestigieuses Nomura et Nikko et celui du parrain Ishii Susumu (du clan Inagawa-kai). Ces deux établissements vont avancer des centaines de millions de yens pour cette opération. Nous voyons donc bien que les yakuza étendent leurs tentacules dans tous les secteurs de l’économie japonaise.

Conclusion: Grâce à leur omniprésence dans une très grande partie des activités économiques du pays, les yakuza se sont constitués un empire avec un chiffre d’affaire digne des plus grandes entreprises, on l’estimait à 34 milliards d’euros en 2003 (alors qu’ils ne payent aucun impôts du fait que les activités qu’ils exercent ne soient pas déclarés). Ce chiffre d’affaire est d’autant plus immense lorsque l’on sait que le bénéfice de l’entreprise TOTAL pour l’année 2008 était de 14 milliards d’euros et que c’est l’un des bénéfices annuels les plus importants que l’entreprise n’est jamais connue.



2- Politiquement


I) Les débuts: L’aire Edo

A) Organisation politique au sein des yakusa

Bien que la création de cette organisation est incertaine elle remonte sûrement au XVIIème siècle, les yakusa seraient les descendants des kabuki-mono qui sont aussi appelés les hatamoto-yakko. Le groupe kabuki-mono réunissait environ 500 000 personnes, tous serviteurs du shogun, (seul et unique chef), en tant que hatamoto-yakko (les domestiques du shogun). Cependant nombreux de ces hatamoto furent délaissés et se convertirent au banditisme en pillant villes et village. Ils prirent l’habitude d’effrayer les populations voire de les tuer pour le plaisir d’ou leur nom de kabuki-mono (les « fou »).
Cependant les yakusa de l’ère moderne déclinent cette hypothèse et en défendent une autre. Ils affirment être les descendants des Machi-yokko (les serviteurs des villes). Ironiquement les ancêtres des yakusa seraient donc des groupes de défenses crées pour se protéger des kabuki-mono.


II De l’époque Meiji à 1945:Le renouveau des yakusa.

L’entrée dans l’ère moderne, avec l’ère Meiji(1868) va symboliser le renouveau des yakusa, qui vont étendre leur pouvoir sur toute la société. Ils vont profiter du changement politique pour tisser des liens avec le gouvernement et intensifier les activités des Tekiya (marchands d’activités illégales), grâce à des couvertures légales (autorisées par les liens tissés avec le gouvernement en grande partie) qui leur assurent une totale légalité de la partie émergée de leurs activités.

Différents membres d'un clan yakuza:




a) L’expansion du pouvoir politique: Les yakusa de plus en plus proche du gouvernement

Dans les années 1930, les yakusa bénéficient d’une grande liberté, grâce à leur rapprochement idéologique avec la droite ultra nationaliste, très proche du pouvoir à l’époque.
D’après Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos dans leur livre « YAKUZA » l’état, l’extrême droite et le crime organisé se donnent ouvertement la main pour lutter contre les autres partis. Cette « coalition » donne encore plus de libertés et d’influence politique au yakuza.

Le statut et les activités des yakusa vont progressivement évoluer, en parallèle des bouleversements politiques et de la structure japonaise. De plus, la pratique de recrutement va grandement s’intensifier, fournissant aux organisations de plus en plus de main d’œuvre permettant d’étendre leurs pouvoirs. Du fait de l’importance grandissante des Tekiya les trafics s’intensifient, on assiste au développement du marché noir et du commerce du sexe.

b) Acte terroriste et Pression politique


À la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, les liens entre yakusa et politique vont encore s’accentuer, poussés par l’ouverture du pays vers l’occident. Les yakusa demeurant très attachés aux traditions, vont refuser tous contacts et actions bienveillantes à l’égard des Européens et des Américains. Ils organisent des actes terroristes visant des personnages politiques favorables à une ouverture du pays, deux premiers ministres et deux ministres des finances seront assassinés.

Ils sont néanmoins favorables à l’expansion coloniale du Japon ; c’est dans ce but qu’ils manigancent, avec la complicité du ministère de la guerre, l’assassinat de la reine Minbi de Corée, pro-russe, le 8 octobre 1895, ce qui préparera l’intervention japonaise dans ce pays, et l’annexion qui suivra en 1910 et durera 35 ans, jusqu'à la fin de la Seconde guerre mondiale.

Ces actes nous montres encore une fois l’immense pouvoir politique que génèrent les yakusa dés la fin du XIXème siècle et au début du XXème.

L’expansion rapide des Yakuza à travers l’archipel Japonais nous amènes à parler de son organisation et de son fonctionnement interne.

III) Les principales familles yakusa

A doite, chef de la famille Yamaguchi-gumi et à gauche, Inagawa-kai.



Il existe 4 familles principales:

 Yamaguchi-gumi
 Sumiyoshi-rengo
 Inagawa-kaï
 Tao Yuai Jigyo Kummiai

Chacune de ces familles est composées de plusieurs clans, le nombre de clans varie selon l’importance de la famille.

a) Structure et organisation des clans

L’organisation interne d’un clan se fait de la façon suivante :



Organisation typique d'un clan yakuza

L'organisation est structurée comme une famille. En haut de la pyramide, on trouve le "père" (oyabun), chef du clan, qui a une autorité totale sur ses subordonnés (kobun) ou enfant (wakashu).
L'oyabun est assisté d'un lieutenant, (qui est sous ses ordres directs) le wakagashira ( qui est son bras droit), et d'un autre, le shateigashira (de même rang mais avec moins d'autorité).Le shateigashira sert de relais entre les rangs inférieurs et le numéro deux du clan.

Le plus proche conseiller de l’Oyabun est le Saikō-komon ,c'est un poste administratif qui s'occupe de l'état-major (avocats, comptables, etc...). Le Saikō-komon dirige ses propres secteurs. Il commande ses propres subordonnés, y compris des conseillers, comptables ou avocats

Au milieu on trouve les "frères" (kyôdai) et tout en bas les "petits frères" (shatei).

En dehors de la famille, le kumi-in (l'homme engagé) est un exécutant qui pourra peut-être intégrer le clan s'il s'en montre digne.


IV) De la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours

A) les yakusa : pilier du Japon


Suite à la défaite lors de la seconde guerre mondiale, le Japon est occupé par les Américains.

Les yakusa profitent alors du chaos général pour s’approprier des terrains en toutes illégalités.

Cette situation fut un tremplin décisif pour l’organisation yakusa. Avec l’assentiment du pouvoir, elle fut utilisée afin de lutter contre les mafias étrangères qui tentent de s’installer au japon et également comme briseuse de grève. Elle a aussi profité du fleurissement du marché noir dans un Japon ravagé par la guerre et privé de tout. Le pouvoir des yakusa va donc être doublé : d’un côté ils bénéficient dans l’ombre de l’appui des hommes politiques et de la police, et sont en plus nécessaires à la société d’après-guerre, le marché noir restant le seul moyen de survie pour la majorité des Japonais. L'organisation criminelle japonaise devient donc un des piliers du Japon, avec l'assentiment des forces d’occupations, qui voyaient en elle une « force régulatrice ».

Durant l’après guerre les activités illégales des yakusa ne sont en aucun cas réprimandées. Ceux ci est dut aux influences politique qu’ils exercent sur le gouvernement qui est complètement dépassés par les faits (implantations d’autres mafias et le retrait des troupes Américaines qui laisse le pays dans un état chaotique).

Entre 1958 et 1963, les yakusa accroissent leurs effectifs de 150 % pour atteindre à leur apogée, un total d’environ 184 000 yakusa. D’après Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos dans leurs livre « YAKUZA » en 1963, la pègre est a son apogée avec plus de cinq mille gangs qui rassemblent environs cent quatre vingt mille membres.

L’organisation compte alors plus de membres que l’armée Japonaise elle-même. Des clans se forment et des guerres éclatent pour le partage de territoires.

D’après Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos dans leur livre « YAKUZA »en 1964, la police recense sept groupes de malfaiteurs de grande envergure : Yamaguchi-Gumi, Honda-kai, Samiyoshi-kai, kinseikai( qui deviendra Inagawa-kai ), Nippon Kokusui-kai, Kyokuto Aio-kai et Matsuba-akai

Pour remédier a cette crise et pour définitivement préserver le Japon du communisme les Américains libèrent certains détenus politiques comme Yoshio Kodama, qui grâce à leurs relations avec les yakusa et les partis d’extrême droites vont leur permettre de s’en protéger. Kodama réussit à amener la paix entre les gangs. Il souhaitait créer une alliance entre les différents gangs, tout en faisant le lien avec le milieu politique Japonais, faisant de ce fait grandir l'influence de la pègre. D’après Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos dans leurs livre « YAKUZA » les grands chefs arrêtés en 1964 sont relâchés ce qui relance l’expansion des plus grands groupes.
Cette situation perdurera jusqu’à la fin des années 90.




Yoshio Kodama (à gauche) rencontrant deux grands politiciens Japonais: Ichirō Hatoyama, (à droite) et Takeo Miki (en arrière plan)

B) La chute des yakusa

Depuis les années 90, les relations des Yakusa avec les autorités se sont largement effondrées. Une section antigang a été créée pour lutter contre eux, de plus la législation va leur porter de durs coups et entamer leurs relations avec les autorités : la loi antigang du 1er mars 1992 complétée par une loi anti-blanchiment en 1993, a pour but de faire disparaître les syndicats du crime et de connaître et d’empêcher l’expansion des yakusa. Leurs sociétés va entraîner une baisse sensible du recrutement, mais aussi les inciter à mieux s'organiser pour ne pas tomber, à créer des sociétés écran avec des activités légales (Snack, cabarets, ...). Ceci dit, ils sont responsables de la plupart des meurtres perpétrés au Japon et ne sont pas près de disparaître tant leurs domaines d'action sont vastes, tant leurs liens (avec les politiciens, les triades, la mafia sud-coréenne) forts et tant leur place dans l'imaginaire nationale est importante.


Conclusion: Bien que le nombre des yakuza est fortement diminué suite à différentes lois votés pour stopper leur expansion au niveau mondial et international et par conséquent la montée de l’activité criminelle Japonaise, leur effectif serait tout de même estimé à 84 700 membres (selon le gouvernement japonais) ce qui reste tout de même un nombre assez importants.



Sources :


http://fr.wikipedia.org/wiki/Yakuza

http://yakusa-yakusas.blogspot.com/

Différents livres :

- « Yakuza » de Jérôme Pierrat et d’Alexandre Sargos.
- « Yakuza, La mafia Japonaise » de David Kaplan et Alec Dubro.
- « Mémoires d’un Yakuza » de Junichi Saga.

Différents films :


-« Rogue, l’affrontement final » de Darren Arnofsky.
-« Aniki mon frére » de Takechi Tikano.



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